La beauté du bois brûlé en construction gagne petit à petit du terrain, surtout durant ces deux dernières décennies. Qu’est-ce que c’est ? Quelle est cette technique ? Comment l’appliquer ? Nous allons tout voir dans cet article.
D’origine japonaise, cette technique appelée shu sugi ban, qui peut être traduite par cyprès brûlé, a vu le jour il y a très longtemps. À cette époque, presque toutes les maisons étaient encore en bois.
Ce procédé, au départ, a surtout été mis en œuvre pour lutter contre les éléments et les insectes dans le pays du Soleil Levant. Mais aujourd’hui, il continue à être beaucoup prisé par les architectes et les designers pour son côté esthétique. Et il reste encore de pratique dans son pays d’origine que ce soit pour les maisons de type traditionnelle, mais aussi sur les constructions modernes.
QU’EST-CE QUE LE BOIS BRÛLÉ ?
Le bois brûlé, aussi appelé yakisugi, relève d’une technique ancestrale japonaise. Connu aussi sous le nom de shou sugi ban, on obtient le produit en brûlant jusqu’à une certaine épaisseur la surface d’un côté d’une planche de bois. La transformation ainsi faite, on utilise ces planches comme bardage pour les maisons en bois.
Aussi incroyable et bizarre qu’elle paraisse, et contrairement à ce que l’on pourrait penser, on a utilisé autrefois la technique du bois brûlé pour protéger les maisons des incendies. En effet, la couche carbonisée de la planche permet de retarder la propagation des flammes.
Elle consiste aussi à protéger le bois de l’invasion des insectes xylophages, des intempéries le rendant rapidement pourri. Elle protège aussi contre l’apparition des champignons en cas d’humidité. Cette couche de carbone sur le bois protège également des rayons U.V du soleil.
LES AVANTAGES DU YAKISUGI
La pratique du bois brûlé en construction présente plus d’avantages que d’inconvénients. Mais encore faut-il aimer sa couleur noire, car le bardage ainsi fait ne nécessite plus de couche de peinture. Le bois brûlé japonais ou yakisugi utilise surtout du cèdre. Mais on peut utiliser la technique sur d’autres types de bois. L’avantage de cette technique est que le bois devient en quelque sorte imputrescible. Une construction faite avec la méthode du shou sugi ban dure plus longtemps que le bois classique, et aucun entretien particulier n’est nécessaire.
Cette technique s’est peu à peu répandue dans le monde. En France, on la connaît surtout sous le nom de bardage en bois brûlé. Le bois ayant reçu ce traitement ne change plus d’apparence et garde sa couleur au fil des années. Le procédé rend le bois plus dur, et sa résistance contre les insectes et le feu lui donne une place importante sur une gamme de choix de matière.
Non seulement, la technique est entièrement naturelle du point de vue écologique, mais la durabilité du produit obtenu est très importante (on peut estimer sa durée de vie jusqu’à 80 ans et même plus).
QUELLE EST LA TECHNIQUE DU BOIS BRÛLÉ ?
Bien qu’elle ait été pratiquée depuis de nombreuses années au Japon, cette pratique n’est pas encore très courante en France. Cependant, elle commence à intéresser de plus en plus de clients. Certains architectes misent d’autant plus sur son aspect esthétique que sur ses vertus. D’autres designers en font de vraies merveilles en créant des meubles.
Néanmoins, le procédé requiert un certain savoir-faire si on veut le réaliser soi-même. Il nécessite environ 2 à 3 semaines de préparation pour un bardage tout entier.
La technique du shou sugi ban consiste à brûler une planche de bois sur une seule face. Le résultat obtenu nous donne un côté noirci avec un aspect de charbon ; et de l’autre côté, du bois classique intact. Si certains particuliers ou architectes brûlent leurs bois eux-mêmes, on trouve actuellement des entreprises qui en font leur domaine d’activité, en développant des stations de brûlage.
Il existe cependant plusieurs manières de réaliser un shou sugi ban :
De façon traditionnelle
Il suffit de disposer des planches de bois en créant une cheminée naturelle en forme de triangle. Un fil de fer maintient l’ensemble des planches à deux endroits. Le bois brûle à l’intérieur de la cheminée. Il faut compter entre trois à quatre minutes pour avoir la bonne épaisseur sur la couche de carbone.
Il est aussi nécessaire d’écarter les planches de nombreuses fois pendant le processus pour créer un appel d’air. A la fin du temps imparti, on couche la cheminée à terre et on enlève le fil qui maintient les planches. On y asperge ensuite de l’eau pour que le bois cesse de brûler.
Le brûlage sur un lit de braises
En voici une autre manière de le réaliser, on dispose des planches de bois 2 par 2 sur un grand lit de braises. Il faut prendre au moins dix minutes par planche. Pour avoir une bonne protection du bois par carbonisation de sa surface, il faut que la partie brûlée atteigne une épaisseur de 3 à 5 millimètres. Là, on est plus sûr que les insectes iront voir ailleurs en constatant cette couche de charbon.
À l’aide d’un chalumeau
Cette méthode est très pratique, mais prend beaucoup plus de temps que les autres. Il faut compter entre dix à vingt minutes pour le préparer et selon l’effet de brûlage souhaité. À noter qu’un minimum d’épaisseur est exigé sur la partie carbonisée pour que la protection du bois soit efficace.
DOIT-ON APPLIQUER UNE FINITION ?
Cette partie n’est pas forcément obligatoire. L’étape du brûlage du bois ainsi terminée, on peut laisser le produit tel quel et avoir un bardage en bois brûlé. Celui-ci ne demandera aucun entretien. Ou alors, on gratte un peu sur la surface carbonisée à l’aide d’une brosse pour obtenir un effet brossé laissant apparaître la fibre du bois. Cette méthode améliore le rendu visuel. On obtient un bardage de bois brûlé brossé.
Une application d’huile de lin ou de térébenthine aide également à fixer la couleur. Si le bois brûlé est utilisé en intérieur (comme les meubles fabriqués en bois brûlé), il est nécessaire d’y appliquer du vernis pour qu’il ne puisse pas salir à son toucher.
Les Japonais se servaient surtout de cyprès ou de cèdre pour la réalisation du shou sugi ban. En France, l’essence la plus utilisée est le « Douglas », et le résultat n’en demeure pas loin. L’utilisation de l’accoya, le mélèze, le frêne et le chêne donne aussi un résultat satisfaisant. Les bois utilisés pour l’extérieur peuvent aussi être utilisés pour décorer l’intérieur, pourvu qu’on y mette une résine de finition.
Lorsqu’une finition est appliquée sur le bois brûlé, il est nécessaire de rincer celui-ci tous les cinq à dix ans à l’eau claire et d’y mettre ensuite une peinture écologique à base aqueuse.
IDÉES ET RÉALISATIONS DE BOIS BRÛLÉS EN DÉCO
À l’origine, l’idée a surtout été de protéger le bois contre les éléments et les vermines. Même si cette technique de traitement du bois n’a pas connu beaucoup de succès dans certains pays, il faut reconnaître que pas mal de créateurs et d’architectes l’ont adoptée pour son côté design.
On peut en trouver quelques-unes dans des magazines tels que le Milk Decoration, où il y a la maison d’Aurélie Lécuyer et son époux qui se trouve en bord de mer. Celle-ci est faite entièrement en bardage de bois brûlé. La construction était basée sur un petit budget, mais avec beaucoup d’idées. Ils ont opté pour un style simple, mais sympa, d’un bois de couleur classique à l’intérieur et d’un bardage en bois brûlé à l’extérieur.
Plusieurs créateurs ont adopté cette technique avec plus de modernité en obtenant une large variation d’aspect. Les couleurs peuvent aller du noir intense au noir avec des effets grisâtres. Ils emploient aussi plusieurs techniques pour gratter le bois pour ainsi obtenir une texture variée. Avec quelques traitements, la surface du bois peut devenir aussi lisse et soyeuse au toucher. À l’inverse, les irrégularités du bois ou l’effet « écailles de tortue » obtenu en brûlant le bois peuvent être conservés.
Certains créateurs n’hésitent pas à mettre cette idée sur leurs œuvres en créant des tables ou des mobiliers en bois brûlés. D’autres architectes d’intérieur emploient cette méthode pour le parement d’un mur. Cette idée et fascination pour le bois employant des méthodes naturelles n’en finissent pas d’en démordre leurs esprits créatifs, surtout quand on sait que la technique a la vertu de protéger le bois de façon naturelle et pérenne. La pratique leur évite d’utiliser d’autres matériaux tels que le plastique ou des produits pétrochimiques.
UNE TECHNIQUE ANCIENNE QUI CONTINUE À SÉDUIRE
Bien qu’elle soit connue pour être d’origine japonaise, cette technique de brûlage qui rend le bois plus dur a déjà été utilisée à la préhistoire. En effet, c’était une pratique courante pour chasser le mammouth. Et au Moyen-âge, les bas des piquets en bois étaient brûlés et on les enfonçait en terre pour fabriquer une clôture.
Pareil, au Canada, où cette pratique est très connue. Là-bas, ils utilisent plutôt le terme « torréfier les bois ». Il existe tout de même des créateurs qui tendent à peindre leur bois pour donner un effet « brûlé », mais on arrive toujours à constater la différence. Si pour certains, cette pratique est une nécessité ; pour d’autres, c’est devenu un art à part entière.